LEO REYRE
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 DIALOGUES sous influence

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Leo REYRE
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Leo REYRE


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Date d'inscription : 20/01/2010
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MessageSujet: DIALOGUES sous influence   DIALOGUES sous influence I_icon_minitimeVen 10 Mar - 16:54

Georgette

 

A : Tu as su que Robert avait perdu sa femme ?

B : Ah, quand même ! Il a fini par y arriver… Il l’a perdue où ?... Elle avait pas un GPS au moins ?...Parce que c’est de ces femmes qui peuvent revenir de Pampérigouste.

A : C’est où Pampérigouste ?

B : Personne ne le sait. C’est loin.

A : T’inquiète. Elle reviendra pas.

B : C’est pas pour moi que je m’inquiète, c’est pour ce pauvre Robert.

A : Pauvre…pauvre… C’est pas le mot. Il s’était quand même marié avec la femme la plus riche du pays.

B : Mais tu connais le morceau. Un repoussoir ! Un carmentran ! C’est simple : quand on a été tous mariés qui est-ce qui restait au rancart ? La grosse Georgette.

A : Et Robert.

B : Et Robert qui voulait se faire curé.

A : C’est vrai. J’avais oublié. Il avait envoyé sa candidature au séminaire mais il n’avait pas été retenu à cause d’une déficience mentale.

B : C’est vrai qu’il a toujours été un peu bizarre, Robert.

A : Bizarre, tu dis bizarre ! Fêlé, tu veux dire. Pour épouser la grosse Georgette avec ses poils au menton, il fallait pas trop en avoir de la matière grise.

B : C’est vrai. Et ses yeux de Georgette! Il valait mieux la regarder de profil que de face. De face, tu savais jamais si elle te regardait ou si elle regardait le gros bouton qu’elle avait sur son nez.

A : Et, par-dessus le marché, un caractère exécrable…

B : Un caractère de con, tu veux dire. Il l’a supportée combien d’année, ce pauvre Robert ?

A : Quarante-cinq ans, je crois.

B : Quarante-cinq ans ?! Alors, c’est un saint… Un saint qu’on a refusé au séminaire…Je me pose une question : s’il l’a gardée pendant quarante-cinq ans, il a fait le plus long, pas vrai. Alors pourquoi la perdre maintenant et pas avant ?... C’est vrai que Robert, faut pas lui demander de trop réfléchir.

A : Non. Faut pas. En attendant, il a vécu dans un château avec un parc tout autour, avec une bonne…

B : Quand tu dis une bonne, tu parles de Georgette ? Tu penses qu’elle était bonne ?

A : Est-ce qu’on demande à un iceberg s’il est chaud ? Quand je dis une bonne, je pense à une employée de maison, idiot.

B : Parce que tu penses qu’il couchait avec son employée de maison ?

A : Ce que tu peux être bête ! Robert n’a jamais couché avec la moindre femme. Il en était pas capable. Je mettrais ma main à couper qu’il n’a jamais vu Georgette nue.

B : Pourquoi tu penses ça ?

A : Parce que, s’il l’avait vue, il aurait eu trop peur, il aurait grimpé au sommet de la tour et il se serait jeté dans le vide.

B : A ce point ?! Toi, tu l’as vue nue, Georgette ?

A : Moi non, mais ma femme connaît bien la femme du docteur…

B : Et alors ?

A : Alors, un jour, elle lui a raconté que son mari avait reçu Georgette pour un examen gynécologique…

B : Et alors ?

A : Alors depuis, il se réveille la nuit en criant : « Pas moi, pas moi ! » ; il fait des cauchemars terribles ; Il peut plus regarder la Petite Sirène à cause d’Ursula, la sorcière…

B : La pieuvre ?

A : Parfaitement. J’aimerais que tu les entendes rire, la femme du docteur et la mienne… Je te dis pas les détails.

B : Sûr qu’elles en rajoutent.

A : C’est des femmes…C’est dans leur nature d’en rajouter mais quand même, il y a des choses qu’on ne peut pas inventer.

B : Quoi par exemple ?

A : Je sais plus, moi… les bourrelets comme des chambres à air de camion, les trucs comme des trucs de vache laitière qui tombent sur les genoux, et tu imagines l’examen gynécologique, dans la forêt profonde avec une lampe de mineur sur le front et un masque à gaz sur le visage…

B : C’est un film d’horreur que tu me racontes…

A : Sauf que c’est pas un film mais Georgette.

B : Ils n’ont pas eu d’enfant, pas vrai.

A : Puisque je te dis qu’il ne l’a jamais vue nue ! Puisque je te dis qu’ils ne couchent même pas ensemble !

B : Même au début ?

A : Il a peut-être essayé, je dis pas… Tu sais ce que c’est le syndrome de Lascaux ? Tu te trouves à l’entrée d’une caverne inconnue, tu fais un pas en avant, il te semble qu’un ours des cavernes va te sauter dessus… alors, tu fous le camp à toute vitesse de peur qu’il te rattrape. Après, rien que d’imaginer l’entrée, ça te donne la fièvre.

B : Et tu penses que Robert souffre du syndrome ?

A : Est-ce que ton imagination te permet d’imaginer l’entrée de la caverne que Robert a eue devant les yeux ?

B : Moi, j’ai toujours eu peur du noir. Tu crois que j’ai aussi le syndrome ?

A : Toi, c’est pas pareil. Il y a caverne et caverne. D’abord, est-ce que tu as vu l’ours ?

B : Jamais. Il m’arrive de voir une chatte mais jamais l’ours.

A : Alors, tu n’as pas le syndrome… pourtant, en y réfléchissant, tu n’as pas eu d’enfant… Excuse-moi d’être indiscret mais il faut que je te demande une chose, une chose intime…Je peux ?

B : Demande toujours, je verrai si je réponds.

A : Avec ta femme, vous avez des rapports ?

B : Parce que tu crois qu’il faut faire des rapports à sa femme quand on est marié ?

A : Donc, tu es comme Robert. Tu n’as pas de rapport.

B : Dis, réfléchis un peu : Tu nous imagines en train de faire un rapport après chaque … séance? C’est absurde.

A : Je disais ça parce que tu n’as pas d’enfant, c’est tout.

B : C’est vrai : j’ai pas d’enfant mais je sais d’où ça vient : j’ai pas assez de spermatozoïdes.

A : Ah ! Bon ! Et d’où ça vient ?

B : Je sais pas. Mes ancêtres en avaient assez ; mon père en avait assez…puisque je suis là ; moi, j’en manque. Va comprendre.

A : Ton docteur t’a jamais dit pourquoi ?

B : Non. Ma femme me dit toujours que c’est à cause du 51. Quand ils devraient être actifs, il y en a toujours trop qui couvent leur cuite. Ils dorment, ils ronflent, ils sont complètement anesthésiés.

A : Ça, c’est bien une explication de femme !

B : Pour en revenir à Robert, comment il a fait pour perdre sa femme ?

A : Il a prié.

B : Prié ?!

A : Il a prié toute sa vie et Dieu a mis quarante-cinq ans pour l’exaucer.

B : Tu te rends compte de la patience qu’il lui a fallu, à Robert ? Et tu es sûr qu’il l’a vraiment perdue, sa femme ?

A : J’ai vu l’annonce : « Monsieur Robert Amadieu a la douleur de vous faire part de la disparition de son épouse Georgette Amadieu née Roustan… »

B : A la douleur ! Quel faux jeton !... Il y a marqué disparition, c’est donc qu’elle est susceptible de revenir.

A : Tu as vu des morts qui reviennent, toi ?

B : Parce que, d’après toi, elle est morte. Il l’a perdue, elle a disparu…pour toi, elle est morte. Qu’est-ce qui le prouve ?

A : Après, sur l’annonce, on parle de crémation.

B : Je serais curieux de voir ce qu’il y a à l’intérieur du cercueil. Comment on peut incinérer une personne disparue puis qu’on ne sait pas où elle est ?

A : Je crois qu’il n’y a pas que tes spermatozoïdes qui cuvent leur cuite.

B : Admettons qu’elle soit morte… ce qui n’est pas sûr. Admettons. Pourquoi Robert la fait incinérer ? Il a peur qu’elle revienne ?

A : Je pense que comme ça, elle tiendra moins de place.

B : Tu crois qu’il va récupérer la graisse ?
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