Leo REYRE Admin
Messages : 62 Date d'inscription : 20/01/2010 Age : 84 Localisation : VALREAS
| Sujet: MON CHANTE-CIGALE Ven 29 Jan - 12:38 | |
| EPUISEPREFACE C'est un coin de campagne à l'écart des cultures. On ne le découvre qu'après avoir franchi le cheval de frise des ronces, des églantiers, des prunelliers et des argelas ( genêts épineux). On dit que rien de bon n'y pousse. Pourtant ce n'est pas le désert. On y trouve une vie faite de plantes humbles et sobres dans le voisinage desquelles s'affairent quelques insectes furtifs. Souvent y zinzinulent les mésanges bleues et les roitelets. Surtout ne pas croire que follicules, gousses, siliques, capsules et autres samares ne se sont jamais employés à le coloniser. Ne pas croire qu'aujourd’hui même quelques graines suspendues à leurs parachutes ou à leurs aigrettes ne tentent de s'y poser avec la prétention de s'y implanter. Potentilles, coronilles, brachypodes, thym, genévriers, cades, clématites, deux pins, trois chênes tors, un alisier : Voilà les co-suzerains, voilà les maîtres, voilà les cerbères qui interdisent leur territoire aux inconnus et qui phagocytent les intrus. Pour qui connaît, ce coin stérile est une poussière du paradis. Vivre en ce lieu se mérite. La vie, il faut savoir la puiser dans les profondeurs du sol, dans les anfractuosités de la roche. Mais quelle vie ! Il faut savoir se contenter d'une goutte d'eau. Mais quelle eau! Il faut savoir se contenter d'une bouffée d'air. Mais quel air! Cet endroit, c'est un chante-cigale. Ce n'est pas sans raison que ce titre s'est imposé à moi. Toutes les plantes modestes, insignifiantes qui y vivent mènent une vie ascétique et endurent tous les temps. Cependant elles vivent. Elles vivent comme toutes les anecdotes modestes et insignifiantes dont l'enfance se nourrit. Elles vivent longtemps et fleurissent souvent. «Mon chante-cigale», c'est cette enfance qui témoigne d'une époque par ses petites plantes vivaces qui fleurissent loin des cultures, au gré d'un rayon de soleil, d'une goutte d'eau, d'un souffle du mistral... et qu'on groupe sous le nom générique de souvenirs. Comme elles, ils ne supportent ni la chronologie ni la hiérarchie. Ils fendillent la terre, soulèvent une pierre lorsque l'envie leur vient de se montrer... Ce n'est jamais l'endroit ni le moment qu'un esprit rationnel jugerait favorables. Je respecte scrupuleusement leur liberté. | |
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