LEO REYRE
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 LE CHEMIN DE BARBARAS (suite1)

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Leo REYRE
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Leo REYRE


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LE CHEMIN DE BARBARAS (suite1) Empty
MessageSujet: LE CHEMIN DE BARBARAS (suite1)   LE CHEMIN DE BARBARAS (suite1) I_icon_minitimeLun 12 Avr - 12:02

Le jour où Guillaume fut accusé.

Dans la rue devenue brusquement trop silencieuse, le martèlement des sabots allait grandissant. Par prudence, les mères avaient repris leurs enfants et avaient regagné leurs demeures. Cependant, au mouvement des rideaux, on les devinait derrière leurs fenêtres. Quelques vieillards étaient restés. Les uns se tenaient adossés aux murs, les autres, les mains pesant sur leurs cannes, étaient assis sur les butorodo (chasse-roues) de part et d’autre des portails fermés. Le regard masqué par leurs chapeaux rabattus, ils guettaient le détour de la rue et ruminaient leurs chiques. Ils savaient que, d’une seconde à l’autre, à hauteur de l’échoppe de Chastan le corroyeur, les gendarmes allaient apparaître traînant entre eux leur captif.
Depuis que les cloches avaient été interdites puis réquisitionnées et fondues pour les besoins des armées d’Italie et de Sambre-et-Meuse, la ville parsemée d’églises, de chapelles, de couvents, de monastères, était singulièrement muette. Le battement de ces sabots frappant régulièrement les pavés résonnait comme un glas.
Les deux grands chevaux bais apparurent enfin avec leurs cavaliers en bicorne et pèlerine. Entre eux, attaché par une corde qui l’obligeait à courir les bras en avant, Guillaume.
Son visage n’exprimait ni colère ni fatigue. Il gardait la tête haute, le regard droit. Ses cheveux longs, mal noués, flottaient comme une crinière.
Guillaume portait fièrement son quart de siècle. Il était grand et fort comme un fourbisseur de l’Ouvèze mais roux de poil comme un marin breton. Il n’était pas du pays. Il était originaire de la Verrie, hameau du bocage vendéen à mi-chemin entre Tiffauges où, jadis, Gilles de Rais, vaillant compagnon de Jeanne d’Arc puis cruel Barbe Bleue avait eu son château, et Cholet sur la Moine où La Rochejaquelein, à la tête de ses chouans, venait de subir une terrible défaite face à l’armée des bleus de Lazare Hoche.
Comme ce vendéen s’était-il retrouvé en terre comtadine ?
Francois Aubrespin était, en fait, le seul à le savoir vraiment.
Il était arrivé avant les événements de 89, a fortiori bien avant l’insurrection des provinces de l’ouest. Pourtant, on n’allait pas manquer d’en faire un suspect.
Plus de 50 départements s’étaient insurgés contre le régime de terreur. L’exemple était venu de Vendée, le pays de Guillaume, où quarante mille paysans s’étaient armés au nom de la religion et en faveur de la royauté. Ils avaient proclamé roi de France et de Navarre, sous le nom de Louis XVII, le jeune dauphin détenu au Temple. Leurs chefs étaient Cathelineau le Saint de l’Anjou, Stofflet le garde-chasse, Charrette de la Contrie, le marquis de Bonchamps, Lescure, le comte de La Rochejaquelein. A ses chefs historiques s’étaient joints tous les hobereaux de Vendée et de Bretagne. Un moment, la jeune République avait vacillé sur ses fondements encore instables. La répression était en cours mais la pacification définitive n’était point encore garantie.
Cet homme pris les armes à la main, par le seul fait de ses origines vendéennes, ne serait-il pas immédiatement considéré comme un espion royaliste, un insurgé, un rebelle.
Pourtant, il n’était pas un seul Valréassien qui ne portât quelque estime à ce jeune homme simple et franc, pas un pour mettre en doute son honnêteté.
Dans Valréas, on se souvenait de cet adolescent que Fournier de Champvert, ci-devant marquis d’Autane, avait pris à son service comme bousquetier sur recommandation de François Aubrespin. D’emblée, il avait acquis la confiance de son maître. Serviable sans être servile, vaillant au labeur, il possédait, à l’âge où l’esprit s’enflamme pour un rien, une maturité et une sagesse peu commune.
Lorsque la maison d’Autane partait en villégiature, le vieux marquis confiait habituellement son domaine à son fidèle majordome. Or, celui-ci ayant fait une mauvaise chute et se trouvant cloué au lit, ce n’est pas à un ancien domestique que le marquis avait confié la garde de son domaine, mais au jeune Guillaume. Aucun ayant droit n’avait regimbé. C’est dire l’estime dans laquelle on le tenait.
« Il faut le voir à l’ouvrage, dit Chastan. L’an passé, quand cette saleté de mule m’a brisé la cuisse d’un coup de sabot, il m’a fait une coupe de bois.
Dans ses mains, la cognée ne semblait pas plus lourde que ma canne. Il faut le voir. Les chênes, les fayards, au sol en moins de deux. Même avant mon accident, quand il ne fallait pas m’en promettre, je ne lui serais pas arrivé à la cheville.
Et tout, tout seul, sans aide. Il n’aime pas trop la compagnie… D’ailleurs, qui pourrait le suivre ? C’est un sacré gaillard.
-Il ne fait pas qu’abattre, ajouta Hyacinthe : il débite, il charge et même il livre à domicile. Les charbonniers de Taulignan n’en veulent pas d’autre et je les comprends. Même Mancellon, qui transporte tout ce qu’on veut et qui est loin d’être un apprenti, peut s’accrocher pour le suivre.
-J’ai eu souvent l’occasion d’entendre le marquis bénir François de lui avoir déniché cet oiseau rare, poursuivit Chastan. Même les veuves ne parlent que par lui. Elles disent qu’elles auraient crevé de froid cet hiver s’il n’avait été là. Ce n’est pas très gentil pour vous mais il faut reconnaître que vous n’avez même pas levé le petit doigt pour elles.
-Pourquoi vous ? Tu as fait quelque chose, toi, peut-être ?
-Malheureux ! Comment j’aurais pu avec ma jambe fadade (folle) ?
-C’est vrai que tu n’étais pas dru, reconnut Hyacinthe.
Guillaume, je l’ai vu de mes yeux quand il gelait à pierre fendre et qu’on se calfeutrait dans nos maisons. Il passait à longueur de journée avec des fagots et des belles branches. C’est plutôt rare de nos jours un jeune qui s’occupe des vieilles et encore plus quand il n’est pas d’ici.
-Ça, c’est vrai Hyacinthe. Je l’ai vu aussi. Et pourtant, rien ne le retenait ici quand le marquis à été conduit chez Viot, l’accusateur public d’Orange. Il aurait pu partir ou profiter de la situation. Non, il est resté et il a vécu de petits travaux pour les uns ou les autres.
-Au fait, vous savez qui c’était ce Viot ? Je l’ai appris par hasard, l’autre jour, par un boiteux de Taulignan qui est venu chercher des sangles. C’était un déserteur du Régiment des Dragons de Penthièvre. Parfaitement : un de l’armée de Jourdan Coupe-Têtes.
-Ce que je sais, moi, dit le vieux Hyacinthe, c’est que c’était un violent, un malfaisant. Il n’avait pas inventé la poudre, mais c’était véritablement un sale individu. Si je vous le dis, c’est que je l’ai approché et qu’il a failli m’envoyer à la guillotine comme les autres. Lou marrit bestiari ! (la mauvaise bête). C’est quand j’étais allé à Orange pour défendre Joseph Gras. Il faut que je vous raconte l’affaire.
-Hyacinthe, ça va bien comme ça. Tu nous la racontes chaque fois que nous passons un moment ensemble, c’est-à-dire une ou deux fois par jour. C’est simple, nous avons l’impression de t’y avoir accompagné, chez Viot. »
Vexé, Hyacinthe rabattit son chapeau et tira sur sa pipe.
« Si tu te renfrognes chaque fois qu’on te fait remarquer que tu rabâches, tu risques de faire le mourre (bouder) souvent. Nous savons tous ce qui s’est passé. C’est comme si c’était hier, pour nous aussi. Bon, d’accord, toi tu y étais. Rassure-toi, personne n’a oublié…Pas plus ton intervention pour le pauvre Joseph Gras que la condamnation du marquis. Tu peux me croire. »
En effet, la population avait été choquée par tout ce qui s’était passé. Elle avait appris la condamnation du marquis comme la pire des injustices.
Sait-on les griefs reprochés à Jacques, Baptiste Fournier de Champvert, marquis d’Autane, ancien officier de cavalerie, âgé de 70 ans au moment de son arrestation ?
La fiche de renseignements fournie par le comité de surveillance de Valréas est déjà une condamnation :
« Au commencement de la Révolution, a paru patriote. Séduits par ses apparences trompeuses, les bons citoyens de Valréas le choisirent comme maire.
Cette place lui fournissant les moyens de comprimer l’aurore naissante de la liberté, il les employa avec soin.
Il vexa les patriotes, souffrit qu’ils fussent l’objet de la dérision publique et ne voulut jamais écouter leurs plaintes.
La persécution fut toujours impunie avec lui.
Il conspira pour empêcher que nous devinssions Français.
Il présida les délibérations prises contre les patriotes qui voulaient se réunir en Société Populaire.
Il était membre de l’infernale Commission de Sainte Cécile.
Il était du secret lorsqu’on assassina Anselme et Lavilasse à Vaison.
Il était le confident de nos émigrés.
Il prit la fuite le 6 août 1792 lors de la visite salutaire de nos voisins.
Il accorda toujours sa protection aux aristocrates avec lesquels il était étroitement lié. »

*

Quelques employés de la maison d’Autane s’étaient trouvé de nouveaux maîtres parmi les bourgeois et les propriétaires de la ville. D’autres s’étaient arrangés pour continuer à vivre sur le domaine en attendant qu’il fût vendu à l’encan. Ces derniers, plus calculateurs, pensaient que les remembrements envisagés par la République les favoriseraient et qu’ils pourraient ainsi acquérir les terres à bon compte.
C’est en affirmant leur ardeur républicaine, c’est en faisant acte de volontariat pour les charges les plus basses, c’est en se coiffant du bonnet phrygien et en arborant des cocardes qu’ils comptaient sur la bienveillance et la générosité de la République.
Vains espoirs ! Prétentions insensées ! Même déguisé d’une crinière, le singe n’est jamais un lion.
Lorsque les propriétés furent mises aux enchères, les bourgeois établis, les négociants fortunés, les voisins nantis les accaparèrent. Un dixième seulement fut morcelé et distribué à ceux qui pensaient avoir la totalité.
Guillaume n’était pas resté sur le domaine. Il était libre, libéré à tout jamais de la servitude. Il avait quitté les terres d’Autane mais il n’avait fait établir son passeport que pour le territoire de la commune.
Bien que bousquetier, il proposait ses bras où bon lui semblait : chez Gourgeon pour les moissons, chez Jean Bruyère pour le charroi des fagots, chez Jean-Michel Peyronnet pour les olivades. Le plus souvent, il travaillait pour les veuves. C’est ainsi qu’il menait parfois jusqu’à Orange la jardinière de Thérèse Thibaud, la mère d’Antoine, veuve de Joseph Thibaud tombé à Aldenhoven en Westphalie.
Cependant, si celle-ci avait sa préférence, il ne négligeait pas les autres.
La République ayant cédé des lots forestiers aux veuves de guerre, il fallait bien que quelqu’un allât dans les coupes pour faire leur bois. Ce n’étaient pas les meilleurs bois ni les plus accessibles.
C’est par ce travail souvent bénévole que Guillaume s’était acquis l’estime de toute la population. Sans lui, beaucoup de ces malheureuses auraient été dépouillées de leurs biens par ces aigrefins qui se présentaient chez elles et qui proposaient aussi leur service.
« Votre bois, c’est notre affaire, disaient-ils sur un ton jovial. Coupé et livré à votre domicile sans bourse déliée. Qu’est-ce que vous en dites ?
Quand il n’y a plus de bois dessus, qu’est-ce que ça vaut cette terre ingrate pleine de cailloux ? Rien. Il faudra plus de cent ans pour y refaire du bois. Et dans cent ans… Pauvres de nous !
Pendant cent ans, elle ne vous servira à rien mais vous continuerez à payer des droits dessus. Vous me suivez ?
Le mieux pour vous et le moins coûteux c’est de me signer ce papier par lequel vous me céder ce malheureux bout de roucas dès que j’aurais fini votre bois.
Imaginez que dans cent ans, vous me disiez : je ne suis plus d’accord. La belle affaire ! Je vous le rends. Moi, c’est votre intérêt que je prends en compte.
Alors, d’accord pour le papier ? »
Sans aide, sans cheval, sans chariot, plusieurs veuves auraient accepté le marché sans Guillaume qui en avait fait courir quelques-uns.
C’est cet homme-là que les gendarmes avaient pris.
Les portes se rouvraient et les groupes se reformaient derrière les gendarmes.
L’indignation gonflait les conversations.
Il y avait pourtant ceux qui, comme Mathieu Rousset le cardeur de laine, ricanaient… et qui auraient ricané quel qu’eût été le prisonnier parce qu’un homme entre deux gendarmes, c’est un hors-la-loi entre deux représentant de la loi.
Il y avait Guinard le crieur public qui disait haut et fort que les gendarmes faisaient leur métier, que s’ils l’avaient toujours aussi bien fait, il y aurait moins de brigandage, que si Guillaume n’avait rien eu à se reprocher, il ne se serait pas caché dans un grangeon (cabanon). Bernard, son comparse l’approuvait en opinant du bonnet.
« La République doit faire des exemples, continuait Guinard en martelant du poing ses cuisses. Elle doit être implacable pour empêcher le retour des tyrans.
Jeambard faisait chorus :
« En s’occupant des veuves plus que de leur bois, il n’a que la punition méritée. Moi, je suis sûr que, dans ce grangeon, il en attendait une. Il a trahi la mémoire de nos morts. »
Jeambard, bousquetier lui-même, parlait surtout par jalousie. Les veuves ne l’employaient plus car il levait plus souvent le coude que la cognée. Ivre, il ne se contrôlait plus et plusieurs femmes seules n’avaient dû leur salut qu’à l’interposition de la fourche à fumier.
Dans un autre groupe, il se disait que Guillaume avait contribué à la fuite de la famille de ses anciens maîtres et que, sans lui, ils auraient subi le sort du vieux. »
Plus loin, Gilbert Magnard le menuisier disait à qui voulait l’entendre que c’étaient des royalistes qui l’avaient dénoncé. Son voisin Antoine François Rol surenchérissait en sous-entendant que les royalistes et les dévots trempaient souvent leurs doigts dans le même bénitier.
Sur la place, on évoquait Mandrin qui fut roué vif à Valence en 1755 mais dont on évoquait encore les exploits le soir à la veillée.
On disait les Mandrin de Valréas quelque peu apparentés à l’illustre brigand et on savait Pierre, le cadet, très lié à Guillaume.
Hormis ces quelques foyers de murmures, la population, figée et silencieuse, attendait.
La consternation muette étreignait ce petit peuple. L’indignation, trop voyante donc dangereuse, restait contenue.
Les gendarmes mirent pied à terre devant le mur la maison commune et y attachèrent leurs chevaux. Puis ils poussèrent Guillaume vers une porte basse qui, trois marches plus haut, s’ouvrait sur le bureau du lieutenant de la brigade.
Ayant pénétré dans la salle voûtée, ils présentèrent Guillaume à leur supérieur et le gendarme Louis Clavel fit le rapport circonstancier de leur intervention.
« Ce jour 8 germinal, à 8 heures du matin, nous effectuions notre ronde habituelle sur les terres du lieudit La Chesnette quand nous avons été abordé par un citoyen qui a déclaré être de passage dans la région pour y acheter des agneaux. Il nous a dit qu’il savait où nous pourrions prendre un individu qu’il avait déjà vu en compagnie de personnages suspects notamment à Taulignan, Grillon, Chamaret, Aleyrac et Rousset.
L’ayant sommé de nous renseigner, il nous a désigné de la main un grangeon appartenant au citoyen Grosset. Nous nous sommes portés sur les lieux et, après sommations, nous avons procédé à l’arrestation d’un individu armé âgé d’environ 25 ans, connu sous le nom de Guillaume Archimbaud. Ce dernier n’a opposé aucune résistance mais a refusé de répondre à nos questions. Il a déclaré qu’il s’expliquerait avec nos supérieurs. »
L’officier l’écouta et s’étonna :
« Qu’avez-vous fait de l’auteur de la dénonce ? Son nom ? Où peut-on le retrouver ?
- Il avait un rendez-vous pour des agneaux à Taulignan. Il est reparti aussitôt, mon Lieutenant. On n’a pas eu le temps de prendre son identité.
- C’est élémentaire, gendarme Clavel : l’identité d’abord ! Ne rien laisser au hasard. De la rigueur sinon plus de loi. L’identité d’abord sinon nous serons joués par le premier cul-terreux venu, par le premier cocu qui voudra se venger de l’amant de son épouse.
- Nous n’avons pas été joués, mon Lieutenant. L’homme n’a pas menti.
- Qu’est-ce qui prouve que c’est celui-ci le scélérat et non l’autre ? Peut-être s’agissait-il d’une simple diversion ? Peut-être était-ce pour vous détourner de votre chemin habituel ? Peut-être seriez-vous tombés sur toute la bande de coquins si vous aviez poursuivi votre ronde ?
- A deux, mon Lieutenant… contre toute une bande…
- Vous êtes là pour le maintien de l’ordre public qu’il y ait un brigand ou toute une bande. C’est votre devoir. L’identité, toujours l’identité en premier. Tenez-vous le pour dit.
- -On se le tiendra, mon lieutenant… Le prisonnier, on le relâche, alors ?
- Malheureux ! Jamais de la vie ! On l’a pris, on le garde. Il faudra bien qu’il fasse l’affaire. Après tout, il se cachait, ce qui n’est pas très honnête et il était en possession d’une arme, ce qui est prohibé. Ramenez-le moi. »
Le gendarme Lagier alla chercher Guillaume que l’on avait enfermé dans une cave. Le prisonnier resta debout devant la table encombrée de documents tandis que le lieutenant faisait mine d’être absorbé par la lecture d’un procès-verbal.
Au mur, on avait placardé la liste des émigrés. Guillaume y devinait les premiers noms : Eymeric, Pays d’Alissac, d’Inguimbert, de Bruges… Sur la table, parmi les papiers et les cartes, coincée sous la tabatière du lieutenant, il y avait une autre liste : celle des volontaires déserteurs. Le lieutenant Berthier la prit, la consulta puis leva la tête pour examiner le prisonnier.
« Vous dites vous nommer Guillaume Archimbaud.
-C’est exact, répondit Guillaume.
-Votre âge ?
-Bientôt 25 ans.
-Vous ne figurez pas sur la liste des déserteurs que m’a communiquée le chef du 1er Bataillon des Chasseurs de Vaucluse. »
Il consulta une autre liste.
« Ni sur celle du général Causse. Vous n’êtes pas non plus sous les drapeaux bien qu’ayant l’âge d’y être. Celle des émigrés, je la connais par cœur. Vous n’y êtes pas inscrit. Explication.
-Mes papiers sont en règle. Ils sont dans mon gilet. C’est vous qui l’avez. »
Le lieutenant sortit de la poche intérieure une liasse de documents enveloppés dans un carré de peau d’agneau. Il les examina un à un.
« Passeport, feuilles de comptes… C’est quoi ?
-Mes journées de travail.
- Et ce dessin ? »
Le lieutenant venait de déplier une feuille de papier jaunie. Une maison basse au toit de chaume avait été dessinée par une main enfantine. Près d’un puits, figurait une femme coiffée d’un bonnet de dentelle et, dans le ciel, un soleil tout rond était simplement barré par une ligne ondulée qui devait figurer la brume.
« Ce dessin ? Insista le lieutenant.
-Un souvenir, souffla Guillaume qui eut aussitôt les yeux noyés de larmes.
Le lieutenant n’insista pas. Il venait de déplier une autre lettre qu’il parcourut lentement. La signature parut le sidérer.
« -Tu le connais personnellement ?
-Pas moi. Un …parent, répondit Guillaume.
Cette lettre était signée Lazare Hoche. Elle précisait qu’en raison d’un sauvetage effectué par le jeune Guillaume Archimbaud, soutien de famille, sauvetage sans lequel vingt de ses hommes auraient péri noyés, le général l’exemptait de service armé et le citait en exemple de patriotisme.
« C’était en Vendée ? Questionna l’officier.
-Non. Avant. »
A cet instant, Guillaume craignit que le lieutenant s’intéressât de plus près à ce document. Mais celui-ci, admiratif, relut le document et leva les yeux au ciel :
« Hoche ! Le Général Hoche ! Incroyable ! »
En fait, il s’agissait d’un faux que François Aubrespin avait écrit de sa main afin de préserver Guillaume.
« Plus c’est gros, plus ça paraît vrai, lui avait-il dit. Le nom de Hoche tiendra en respect n’importe quel curieux. »
Le lieutenant prit soudain un air soupçonneux.
« Et si finalement tout ceci était faux ? Si tu ne te nommais pas Archimbaud, mais d’Archimbaud ? Nous le voyons régulièrement chez les ci-devant qui n’ont pas eu la chance de fuir. De nos jours, il vaut mieux s’appeler Martin comme une âne que de Saint-Aignan même si tu es né à Saint-Aignan comme moi-même.
-Mon nom est Guillaume et je m’appelle Archimbaud parce que ma mère s’appelait Archimbaud. Je n’ai jamais connu mon père.
-Décédé ?
-C’est ce que ma mère m’a toujours dit.
-Est-elle en vie ?
-Non. Elle est morte.
-Laissons donc l’état-civil de côté. De toute manière, je te connais. J’ai même tout un dossier qui te concerne. Il y a quelque temps que j’ai l’oeil sur toi. »
Il farfouilla un instant dans un coffre clouté avant d’en extraire une liasse de feuilles qu’il jeta sur le bureau. Il y abattit un poing rageur dessus et regarda Guillaume d’un air glacial.
« Archimbaud, on t’a vu à Taulignan, à la taverne de Roustan, au milieu d’un groupe d’individus parmi lesquels figuraient des brigands notoires, arrêtés depuis et déportés. Le même jour, on t’a vu sur le Chemin des Soldats, en plein bois, au-dessus de ladite bourgade. Tu étais avec les mêmes individus. Vrai ?
-Ce sont des bousquetiers ou des charbonniers. Vous connaissez sans doute Peyronnet : c’est lui qui fourni le bois à la maison du Peuple de Taulignan. Je ne pense pas qu’il soit un brigand. Il était aussi avec moi ce jour-là. Il pourra témoigner.
-Et les autres ?
-En général, je travaille seul mais, quand les coupes sont trop importantes ou les charrois trop difficiles, on fait appel à des volontaires. Les volontaires, on les recrute à l’endroit où ils se trouvent : sur la place ou à la taverne. On ne leur demande rien, pas même leur nom. Ils travaillent une journée, parfois moins.
-Ceux-là étaient des brigands, des scélérats, et tu le savais. Il y avait même des déserteurs de l’armée de Jourdan.
-Jourdan Coupe-Têtes ? Celui d’Avignon ?
-Les questions, c’est moi qui les pose. C’étaient des déserteurs donc des traîtres. Quelle lâcheté ! Fuir quand la patrie les appelle à son secours ! Ils n’ont droit qu’au mépris.
Quelles étaient tes relations avec ces hommes ? La contrebande ? La mise à sac des perceptions ?
-Rien de tout cela. Si je les ai côtoyés, c’était sans rien savoir d’eux. C’étaient uniquement des bras pour le travail.
-Tu mens ! On t’a vu aussi à Grillon et, le lendemain la recette des impôts a été dérobée ?
-Ce n’est pas parce que le coq chante que le soleil se lève.
-Pas de finesses. Des explications.
-Simple coïncidence : j’avais affaire à Grillon ce jour-là sans doute. Je ne devais pas être le seul.
-Sois plus précis.
-Est-ce que je sais ? Je vais de temps en temps à Grillon. Ce n’est pas chaque fois la veille d’une attaque de chouans.
-De chouans ? Qui te parle de chouans ? L’armée elle-même ignore qui sont les auteurs de ce vol. Tu me sembles bien renseigné.
-A chaque attentat, on accuse les déserteurs, les brigands ou les chouans. J’ai dit chouan mais j’aurais pu aussi bien dire : les Chauffeurs de la Drôme, les Chasseurs du Roy, les Compagnons de Jéhu, les Compagnons du Soleil…
-Je constate que tu es expert en briganderie.
-Qui ne l’est pas ? On ne parle que de cela dans les familles. Le soir, on se barricade. La nuit on tremble d’un rat qui court dans le grenier ou d’un loir qui fait rouler une noix sur les tuiles.
-Peut-être. Mais, d’un autre côté, on est bien content. On cache les scélérats ; au besoin, on leur prête main-forte ; on les soustrait aux gens de loi ; on entrave la marche de la justice. Je les connais, les Valréassiens !
Passons pour Grillon. Le malheur pour toi, c’est qu’on t’a vu aussi à Visan quand la ferme de Michel Estève a été pillée et incendiée et, un mois plus tard,le 10 nivôse précisément, malgré le froid, tu étais à Montbrison.
Sais-tu ce qui s’est passé à Montbrison, le 10 nivôse ? On a massacré à coups de crosse un malheureux horloger d’Orange.
-Je suis au courant. Ce n’était pas n’importe quel horloger d’Orange. Il se nommait Maurin et c’était le beau-frère de notre cher notaire François Lambert Juge. »
Guillaume aurait voulu crier sa rage. Juge, cet arriviste sanguinaire responsable de tous les malheurs de la cité ! Ce factieux aidé de ses acolytes qui avait fait régner la terreur ! Ce calculateur arrogant qui avait fait le mauvais calcul de revenir sur les lieux de ses forfaitures !
Quelle haine avait-il accumulée contre lui !
Guillaume avait encore sous les yeux les scènes de son retour. Il revoyait Madeleine Naud, cette jeune fille de seize ans, se jeter sur le notaire pour venger son père guillotiné à Orange. Il la revoyait rouler sous les sabots du cheval, un lambeau de basque entre les mains. Il revoyait la foule grondante.
Il revoyait cet homme terrible poursuivi comme un rat. Il le revoyait disloqué au pied de la tour de l’Hôtel communal. Il revoyait le peuple vengé qui se précipitait pour la curée.
Le lieutenant poursuivit :
« Montbrison ? Encore une coïncidence ?
-Absolument.
-Guillaume Archimbaud, ne te moque pas de la loi ! Une coïncidence trop souvent répétée n’est plus une coïncidence. Avoue.
-C’est bon, j’avoue. »
Le lieutenant fut un peu désarçonné par la promptitude de cet aveu.
« J’avoue que le 10 nivôse, je me trouvais à Montbrison. Je l’avoue parce que c’est la vérité et que je n’y menais aucune activité coupable.
Je reconnais aussi qu’on a pu me voir à Taulignan, à Grillon et dans plusieurs autres villages voisins.
-Quelle était la raison de ta présence à Montbrison ?
-J’étais chez des amis.
-Amis ou complices ?
-Je suis un honnête citoyen. Un homme honnête n’a pas de complices mais des amis.
-L’identité de tes amis ?
Guillaume ne répondit pas. Le lieutenant insista. Guillaume s’en tint à son mutisme.
« Refuser de répondre n’est pas le meilleur moyen de se défendre.
-Je n’ai pas à vous dire leur nom. Ce sont des gens sans histoire.
- Donc, je note: refuse de répondre. Que faisais-tu chez « tes amis » ?
-Ils m’avaient invité à veiller.
-Autre possibilité : ils te cachaient une fois ton crime accompli.
-Mais non ! Ce sont des paysans. Ils n’ont jamais été ni royalistes ni républicains. Ce sont des gens humbles et pauvres. Ils fêtent toujours le jour de l’An le 1er janvier. Ils n’ont pas pu se faire au nouveau calendrier. C’est peut-être un délit aux yeux de la loi mais, pour moi, c’est de la sagesse. Ils m’avaient invité pour cette veillée. Je les aime comme s’ils étaient de ma famille. C’est pourquoi je tairai leur nom.
-S’ils sont aussi honnêtes que tu le prétends ils ne risquent rien de la justice. Mais le sont-ils vraiment ? Moi, je les considère comme de mauvais citoyens dès l’instant où, par leurs actes, ils ne te conforment pas à la loi républicaine. Et, en la circonstance, ils ne s’y sont pas conformés.
La République ne durera que si elle est intransigeante. Ces citoyens sont autant coupables que s’ils étaient papistes ou royalistes. Ils sont peut-être les deux à la fois.
A cet instant même, leur chance est de ne pas résider dans mon secteur. Je pourrais très bien ignorer leur existence. Mais, dans ce cas, ton alibi ne tiens plus et, pour moi, le seul fait avéré est celui-ci : tu étais à Montbrison le jour de l’assassinat de Maurin. Alors, soit tu me donnes leur nom, je le communique au responsable du secteur qui prendra des dispositions à leur endroit, soit tu fais la carpe et tu deviens suspect de crime.
-Suspicion mais aucune preuve.
-On en a raccourci pour bien moins. Quand un tribunal met en balance la parole d’un suspect et celle d’un lieutenant de gendarmerie, d’après toi, laquelle pèse le plus ? Crois-moi, tous ces faits, somme toute mineurs, si on les mets bout à bout, ça fait un acte d’accusation plus que suffisant pour te condamner.
-Loi monarchique, loi républicaine. Où est la différence ? Les lettres de cachet ont toujours cours. On condamne par simple lecture d’un morceau de papier pourvu qu’il émane d’une autorité. Peuple, où est ta victoire ? »
Guillaume regretta tout de suite cette réflexion car le lieutenant s’empressa de la noter dans son rapport comme s’il n’attendait que cet instant de rébellion.
« Venons-en au grangeon où mes gendarmes t’ont surpris. Tu t’y cachais. Pourquoi ?
-Je ne m’y cachais pas, j’y dormais.
-Comme c’est naturel ! Tu es pris d’un besoin violent de dormir et tu forces la porte du premier grangeon venu. Comme c’est naturel !...et tu dors avec un fusil !
- On me l’a laissé. Quant au grangeon, ce n’est pas la première fois que j’y dors.
-Il t’appartient, sans doute ?
-Non, il est à Grosset. L’an passé, j’ai fait une coupe pour lui et c’est dans ce grangeon qu’il m’a logé. Quand j’ai eu fini ma besogne, il m’a dit que, si j’avais besoin d’un toit, ce cabanon était disponible. Alors, j’y viens chaque fois que je travaille dans le quartier.
-Invention !
-Demandez à Grosset. Il ne fera aucune difficulté pour vous renseigner.
-Je crois, au contraire, qu’il en fera beaucoup vu qu’il est mort depuis deux mois. On l’avait enfermé à l’hôpital des insensés, à Avignon. Il s’est pendu à un barreau. Toi, au moins, tu choisis bien tes témoins. Un détraqué non seulement détraqué mais mort.
-Il n’était pas fou l’année dernière.
-Il serait peut-être ni fou ni mort si l’unique fils qui lui restait n’avait été tué en Vendée par un terroriste de Charette. La Vendée ! Toujours la Vendée ! Tu t’en moques, toi, de la Vendée et de ses forcenés qui se prennent pour de preux chevaliers. Ils font massacrer leurs paysans, ces inconséquents. Comment ces culs-terreux peuvent-ils encore se battre pour des nobles ? Il faut croire qu’ils sont contents de leur misère. Moi, je te le dis : ils plieront ou ils périront mais la République vaincra.
Ce n’est pas un Grosset mais des milliers que compte la Vendée. »
Le lieutenant s’était brusquement enflammé. Il s’était dressé et, d’un poing rageur, martelait son bureau. Puis il se calma, se rassit et poursuivit plus calmement son interrogatoire.
« Tu affirmes être un honnête citoyen, n’est-ce pas. Alors, explique-moi pourquoi on a trouvé, dans la remise de la veuve Ravotte, sous le bûcher que tu avais toi-même rangé, une cache dans laquelle se trouvaient trois sacs de blé soustraits à la réquisition. Interrogée, la veuve a déclaré tout ignorer de l’existence de cette cache. Mais toi ? Explique-moi aussi pourquoi on a trouvé, chez Sébastien Monnier, deux dames-jeannes d’huile de Nyons, juste après un travail de trois jours que tu as effectué chez lui. Explique-moi encore pourquoi on a trouvé, chez Antoine Barratier, un tonnelet de salpêtre le jour même de ton passage.
Si tu me parles de coïncidences, je ne réponds plus de mes actes. »
Guillaume ne répondit pas malgré l’insistance de l’officier. Son mutisme fut considéré comme un aveu de sa culpabilité.
Convaincu de contrebande et suspecté de brigandage, il devenait, par ces deux chefs d’accusation, un fardeau trop important pour les épaules du maigre lieutenant. Aussi celui-ci décida-t-il d’en référer sur le champ aux autorités locales. Il rappela les gendarmes et leur demanda de remettre Guillaume en cellule.
Le Conseil siégeait à huis clos. Le lieutenant dut attendre. Il mit à profit ce contretemps pour rédiger un rapport à l’intention du président du tribunal révolutionnaire d’Orange. Satisfait de son initiative, il dépêcha deux gendarmes au chef-lieu de la circonscription.
Les militaires, qui se considéraient comme les fers de lance de la Nation et les garants de son intégrité, avaient toujours douté du patriotisme des Valréassiens. En intervenant directement auprès du tribunal révolutionnaire son intention était claire : forcer la main des autorités locales.
Depuis le vote des Cordeliers par lequel les Valréassiens avaient exprimé sans ambages leur fidélité à l’autorité pontificale, la défiance était de rigueur. Depuis, le Comtat s’était exprimé pour le rattachement à la France mais on se doutait bien, en haut lieu, que les Valréassiens figuraient bien parmi les 17000 électeurs qui avaient voté contre.
Valréas passait pour la plus réfractaire des villes du Comtat et elle était l’objet de toutes les suspicions. Ses faits et gestes étaient guettés, auscultés, scrutés.
Occupée par un bataillon d’infanterie, sa garde désarmée et alors que tout portait à croire que la ville était amadouée, Valréas la rebelle confirmait par un nouveau vote son choix précédent en portant à sa tête les notables qui avaient fait acclamer le Pape. Valréas l’insoumise défiait encore l’autorité républicaine.
On avait alors renforcé la garnison, augmenté l’effort de la ville pour loger et nourrir l’armée. On avait quadrillé le territoire. Cela n’avait pas mis fin aux actes de résistance.
Un matin, l’arbre vénéré de la Liberté avait été exposé sur le balcon de la mairie, enrubanné comme un pantin ridicule. Cette plaisanterie avait été considérée comme un attentat et jugé comme un acte de rébellion de première importance.
Le général Puget de Barbentane, avisé du fait, avait décidé de mettre définitivement au pas la « cité incivique ».
Valréas la papiste avait été ébranlée dans ses convictions. On avait vu apparaître le premier club Républicain. Son principal instigateur, le notaire François Lambert Juge, avait réussi à chasser la municipalité et à imposer ses acolytes. André Sabatéry, fermier du marquis d’Autane, avait été imposé comme maire. Guillaume, qui avait eu l’occasion de se frotter à lui, le considérait comme un être violent et à peu près illettré.
Valréas avait connu les affres de la Terreur Rouge.
« Qui, n’ayant rien fait contre la République et la Liberté, n’a rien fait pour elles, est suspect. »
Ce principe suivi à la lettre par des êtres sans discernement et assoiffés de vengeance avait fait tombé les têtes par milliers dans le pays. Valréas n’avait pas été épargnée.
Les listes dressées par Juge, Grivet, Bertrand, Tardieu, Guitton, Philibert, Sabatéry et leurs comparses, allongées de jour en jour au gré des humeurs, des plaintes, des dénonces, des intérêts particuliers, des préjugés, avaient comblé pendant des mois la frénésie sanguinaire du tribunal d’Orange.
Puis les loups s’étaient entre-dévorés. A ce jeu, Juge, le plus habile, avait abattu Sabatéry, le plus violent.
Ce dernier, responsable, en sa qualité de maire, de toutes les exactions
commises avait été jugé et guillotiné à Paris. Un courrier officieux à l’origine invérifiable l’avait appris aux notables de la ville.
Quant à Juge qui avait tenu les cordes de sa marionnette, on avait en mémoire les images de sa fin.
Cette fin pitoyable qui aurait dû soulager les Valréassiens avait entraîné une nouvelle vague de répression. L’état de siège avait été décrété. Il avait fallu six mois de calme forcé pour qu’il fût levé.
Cette période d’extrême tension justifiait la méfiance du lieutenant Berthier à l’égard des Valréassiens.
Calme forcé, calme précaire.
L’insécurité des chemins, les menaces de guerre, la pénurie, la misère ne contribuaient pas à son complet rétablissement.
Le lieutenant obéissait aux ordres. Il travaillait sur un volcan. Les insuffisances de ses prédécesseurs, notamment leur mollesse, lui étaient si souvent rappelées qu’il préférait en référer à ses supérieurs plutôt que de laisser ce soin aux administrateurs locaux. Leur modérantisme l’enrageait.
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LE CHEMIN DE BARBARAS (suite1)
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