LEO REYRE
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 DIALOGUES SOUS INFLUENCE

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Leo REYRE
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Leo REYRE


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Date d'inscription : 20/01/2010
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MessageSujet: DIALOGUES SOUS INFLUENCE   DIALOGUES SOUS INFLUENCE I_icon_minitimeVen 10 Mar - 16:34




Le burnout

 

Un jardin public avec quelques grands arbres.

A, qui arrive au travail, trouve, éparpillés sur la pelouse, les outils de travail de son copain B. Il les suit comme s’il s’agissait d’un jeu de piste et aboutit au pied d’un marronnier où B est affalé, complètement anéanti.

A : Eh ! Oh ! Tu as eu un malaise ? C’est parce que ta femme…

B : Quoi ma femme ? Elle est partie chez sa mère jusqu’à demain. Pourquoi tu m’en parles ? Elle a eu un accident ? Elle est morte ?

A : Rassure-toi, elle n’est pas morte.

B : Alors pourquoi tu me dis « c’est parce que ta femme » ?

A : Je sais pas. Je l’ai dit comme ça, sans réfléchir.  C’est mon subconscient.

B : Il connaît ma femme, ton  sub, ton con…

A : Sub-con-scient. C’est quelque chose qu’on a en soi et qui fonctionne secrètement, sans qu’on s’en rende compte.

B : Waou ! Tu sais que tu me fais peur. Tu prépares le bac ?

A : Non. Je viens de lire un article dans un magazine pour femmes.

B : Tu lis plus « France football » ?

A : Mais si ! Il t’en faut, des explications !... J’ai pris le premier magazine venu parce que j’attendais mon tour chez le dentiste. Il se trouve que c’était un magazine féminin. Est-ce que c’est si important !

B : Et c’est dans ce magazine que tu as lu l’article qui parlait de ton subcon…

A : Scient. Pas du mien particulièrement : c’était en général.

B : C’est qui ton dentiste ? Il n’avait pas « France football » ?

A : Tu sais que tu deviens pénible ? Mon dentiste, c’est aussi le tien puisque c’est toi qui me l’as conseillé.

B : Macari ! Juste en face l’hôtel des Trois Faisans !

A : Tout juste. Et comme j’ai cru voir ta femme entrer à l’Hôtel des Trois Faisans avec un jeunot, j’ai fait le rapprochement  avec ton état…

B : C’est ton subconscient qui a dû regarder par la fenêtre à ton insu et qui a cru voir ma femme…

A : Voilà, tu as tout compris. Mais puisque tu me dis qu’elle est chez sa mère, c’est sûrement pas elle qu’il a vue…N’en parlons plus. Mais alors, dis-moi : qu’est-ce qui ne va pas ? Le 51 n’était pas frais ?

B : C’est pire que ça.

A : Ah ! Parce qu’il y a pire ?

B : Tu vois ce marronnier : il est immense, pas vrai…

A :… et il a un feuillage immense.

B : Je te le fais pas dire. Immense. Peut-être un million de feuilles.

A : Je sais pas mais peut-être.

B : Alors, en arrivant, je me suis mis à penser.

A : Malheureux ! A l’heure de la sieste !

B : Justement. On ne devrait jamais forcer les gens à travailler à l’heure de la sieste.

Ça te le fait pas, à toi, de penser quand tu fermes les yeux ?

A : Si…peut-être… je sais pas…ou alors il faut que je me force.

B : Donc, je ferme les yeux et je pense. Un million de feuilles qui tombent en automne et que je dois ramasser.

A : Ça pèse rien une feuille.

B : Peut-être… mais un million.

A : C’est un million de fois rien donc c’est rien. C’est mathématique.

B : C’est peut-être mathématique mais le problème, c’est pas la feuille : C’est le râteau. Tu te rends compte : Un million de feuilles ! Ça fait combien de coups de râteau à raison de vingt feuilles par coups ?

A : Vingt feuilles par coup, c’est une moyenne ? Parce que, c’est pas toujours que tu en ramènes vingt.

B : Si tu veux. Alors ? Ça fait combien ?

A : Je sais pas : ça fait beaucoup.

B : Moi, je sais : ça fait 50 mille. 50 mille coups de râteau.

A : Tu exagères peut-être un peu.

B : C’est mathématique. Alors, je ferme les yeux et je pense encore. A raison d’un coup de râteau par minute, tu sais combien de minutes ça fait ?

A : 50 mille minutes.

B : C’est ça : fais le malin. Qui te l’a dit ? Et ces minutes, tu sais combien ça fait d’heures ? Plus de 833.

A : Tu en es sûr ? 833. Putain, c’est grave !

B : Si c’est grave ! C’est catastrophique, tu peux dire ! Si tu comptes en temps légal, c’est-à-dire 35 heures par semaine…

A :… En temps légal d’accord… j’avais l’impression qu’on travaillait plus.

B : J’ai dit en temps légal. Si tu comptes en temps légal, ça te fait pratiquement 24 semaines

A : Oh ! Putain !

B : J’ai dit comme toi. La moitié d’une année de travail pour ratisser  les feuilles de cet arbre !

A : Et il y a tous les autres.

B : Tu comprends maintenant pourquoi j’ai craqué ? J’ai regardé mes mains et je les ai imaginées pleines d’ampoules. Je me suis vu épuisé par le labeur. Je me suis vu avec mon râteau, en train de ramasser des feuilles et il y avait toujours plus de feuilles à ramasser. Je me suis vu en train de crever sur un tas de feuilles dans des douleurs atroces…

A : Et encore, tu as oublié un paramètre : les feuilles ne tombent qu’en automne. Comment tu fais pour caser tes 24 semaines en automne…surtout avec les jours de pluie … avec les RTT… ?

B : C’est absurde. Il n’y a pas de solution. Comment veux-tu que je continue à traîner mon râteau en sachant que je n’arriverai jamais à la fin de mon travail ?

A : Tu sais quand même que je suis là.

B : Oui mais tu débutes. Tu me feras tout au plus gagner quelques jours… Tu vois le bassin avec les poissons rouges ? Je crois que je ne tarderai pas à m’y jeter dedans.

A : J’ai bien une solution : l’aspirateur-souffleur. Mais il faudrait abandonner ton râteau.

B : L’aspirateur-souffleur ! Avec un moteur qui te casse les oreilles! Avec ses vibrations qui te secouent le corps ! J’ai déjà essayé. Le soir, je pouvais plus tenir mon verre tellement je tremblais. Il a fallu faire venir le docteur parce que ma femme croyait que j’avais le parkinson.

Jamais de la vie je n’abandonnerai mon râteau : nous avons passé  tellement de bons moments ensemble ! C’est plus qu’un ami : c’est un complice…Tu n’imagines combien de fois il a donné le change en faisant croire que je travaillais.

A : Comment cela ?

B : En travaillant seul pardi !

A : Là tu me fais marcher.

B : Va savoir ce que fait un râteau quand tu fais la sieste… La vie au travail est devenue trop dure pour moi. Je vais tout laisser tomber. Je suis au bout du rouleau. Le burnout, mon ami, le burnout !

A : Le quoi ?

B : Le burnout. Où tu vis pour ne pas avoir entendu parler du burnout ? A la poste, à la police, dans les administrations, dans les bureaux… On n’a que ce mot à la bouche : le burnout. Et toi, inexplicablement, tu ignores ce qu’est le burnout, le mal du 21e siècle !

A:  Ah ! Le b(e)urn (a)out ! C’est de l’anglais.

B:Moi, je suis Français et quand je lis « burn out », je dis « burnout ».

Au fait, il était comment le jeune que ton subconscient a cru voir avec une femme qu’il a pris pour ma femme ?

A : Plus grand que moi.

B : Ça, il a pas  bien eu de peine. Mais encore.

A : Le crâne rasé avec un tatouage sur l’avant-bras.

B : Droit ou gauche ?

A : Euh ! Gauche.

B : Ah bon ! Tu me rassures : C’est son moniteur de yoga. Rien à craindre. Il a la réputation d’être un peu… merde…comment on dit ?… je sais  que ça finit par sexuel… Il y a deux mots qui se ressemblent …Tu sais, les mecs qui préfèrent rester entre mecs…

A : Homosexuel ?

B : Non : l’autre.

 


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