LEO REYRE
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 DIALOGUES sous influence

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Leo REYRE
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Leo REYRE


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MessageSujet: DIALOGUES sous influence   DIALOGUES sous influence I_icon_minitimeVen 10 Mar - 16:51

Transsexuel

 

A est assis sur un banc. Il essaie de remmancher son râteau.

A : Merde ! Tu ne vas pas me lâcher maintenant !? Ça fait combien d’années qu’on travaille ensemble !? Il ne te manque pas une dent, tu n’as pas une tâche de rouille…Ah ! C’est ton manche !... Il est branlant !...Il n’assure plus !... Mon pauvre ! Qu’est-ce que je devrais dire ?

B arrive dans le dos de A. Il a une perruque de femme et contemple avec satisfaction ses ongles vernis.

B : Ça va bien ?... Tu parles à ton râteau à présent ?

A : Il me fait de la peine, le pauvre vieux. A l’atelier, on parle de remplacer le petit matériel… Tu l’imagines en train de rouiller à la maison de retraite ?

Il lève la tête et voit B. Il est stupéfait.

Tu n’es pas un peu malade de te montrer comme ça au travail !

B : Ça te choque ?

A : Non, ça ne me choque pas : ça m’offusque ; ça me scandalise ; ça m’indigne… Malgré toute notre amitié, je crois que je vais demander à changer d’équipe… D’abord les ongles vernis... Maintenant, la perruque…

B : Et mes yeux…Tu as vu mes yeux ?

A regarde de plus près.

A : Des faux cils ! Donne-moi une explication valable sinon je te dénonce au bureau des mœurs.

B : Ça existe, le bureau des mœurs ?

A : Si ça existe ! Bien sûr que ça existe ! Alors ? Ton explication !

B : C’est à cause du journal.

A : Moi, je lis le journal. C’est pas pour ça que je mets une perruque de gonzesse.

B : Tu ne lis pas le journal : tu lis France Football.

A : Et c’est pas un journal peut-être !

B : C’est pas un journal d’information générale. Moi, je lis le journal.

A : Et alors ? C’est pour ça que tu te travestis ?

B : Un peu. J’y ai lu que les femmes vivent six ans de plus que les hommes.

A: Et tu crois ces bêtises.

B : C’est pas des bêtises : c’est un truc officiel.

A : Et tu crois ce qui est officiel ? Mon pauvre !... Six ans de plus !... Et pourquoi elles vivraient six ans de plus ?

B : C’était pas écrit mais il doit y avoir une bonne raison.

A : Il n’y a pas de bonnes raisons pour une chose comme ça…Et tu crois peut-être qu’avec une perruque et des ongles vernis tu vas gagner six ans de vie !

B : Non, mais je me prépare. Hier soir, par exemple, je me suis fait le maillot. J’en ai pleuré tellement ça fait mal.

A : Tu t’es fait le maillot ! A la pince à épiler !

B : Parfaitement.

A : Oh ! Putain ! J’imagine.

B : Ça fait partie de ma préparation.

A : Je me prépare,… ma préparation…Tu crois pas que  tu es  un peu trop sibyllin ?…

B : Sibyllin ?

A : Oui. C’est un mot que j’ai lu dans  mon journal. C’est pour des trucs pas clairs…Tu te prépares à quoi ?... Et tu as intérêt à ne pas être…sibyllin… C’est quand même un joli mot, sibyllin… Allez, accouche.

B : Ah ! Tu vois, je suis sur la bonne voie : tu me dis : « accouche ».

A : Tu te prépares à quoi, bon sang ?

B : Je vais me faire opérer.

A : Tu pouvais pas le dire plus tôt ! Appendicite ?...Amygdales ?...Végétations ?...Circoncision ?...

B : Or-chi-ectomie.

A : Putain ! C’est grave ?...Ça fait longtemps que tu le sais ?

B : Quand je t’ai dit : je me prépare, c’est qu’il faut être prêt.

A : Tu m’en diras tant…

B : Il faut être prêt dans sa tête.

A : J’osais pas te le dire, mais je pensais bien que ça concernait le cerveau… Pour se comporter comme tu te comportes, c’est évident… Alors, ça s’appelle : orchi…

B : …ectomie. Orchiectomie.

A : Et ils vont t’enlever quoi dans ta tête…Il y a pas grand-chose à enlever dans ta tête.

B : C’est pas dans la tête que ça se passe, c’est plus bas.

A : Pas le cœur quand même ?

B : Ni le cœur, ni les poumons.

A : L’estomac ?...Sûr l’estomac…avec les doses de 51 qu’il reçoit…Il doit être irradié, ton estomac… Ou alors le foie… C’est le foie ?

B : Non.  C’est pas les intestins non plus …Plus bas.

A : Ne me dis pas que…

B : Si.

A : Alors là, tu me la coupes !

B : Tu as tout compris. J’ai décidé de me transformer en femme à 100%.

A : Tu vas te faire tout couper ?

B : Tout…Mais les poils repoussent, paraît-il.

A : Ça rassure. Mais qui t’a mis une pareille absurdité dans la tête ? Dis-moi… Tu as vu un gourou ?

B : Ça s’est mis tout seul.

A : Comme un virus, quoi.

B : Probable.

A : Tu as essayé les antibiotiques ?

B : Malheureux ! Tu sais bien que les antibiotiques sont inefficaces contre les virus !

A : Alors, tu n’as rien fait ? Pas une tisane ? Pas un cataplasme… Tu as essayé un vin chaud avec du rhum et de la cannelle ?

B : Non. Je n’ai rien fait parce que l’idée me plait.

A: Tu sais quand même  que ton truc… ton opération… C’est irréversible.  Tu n’es pas un lézard ! Le jour où cette idée ne te plait plus, qu’est-ce que tu fais ? Tu crois peut-être qu’ils vont te garder tes trucs dans le formol ?

B: Je sais qu’il y a des femmes qui se font transformer en homme.

A: Oui, mais ce sont des femmes au départ. Je ne voudrais pas t’influencer, mais réfléchis encore un peu. Tu as quel âge ?

B : 45.

A: C’est bien ce que je pensais. Tu as pensé que la ménopause allait s’abattre sur toi d’ici peu de temps ? Non, bien sûr.

B : Et alors…

A : Et alors tu vas prendre du poids, malheureux ! Ton caractère va changer ! Tes seins vont devenir douloureux ! Ta peau va se sécher ! Tu vas mal dormir !...

B: Tu crois ?

A : J’en suis sûr ! Et les bouffettes ? Tu as pensé aux bouffettes ? Elles te prennent à tout bout de champ. Tu te mets à rougir, à transpirer comme un bagnard, il te semble que tu vas t’arrêter de respirer… Et ça se calme… pour reprendre de plus belle dix minutes après…Et de jour comme de nuit…

B : Tu exagères peut-être un peu pour me faire peur.

A: On voit que ta femme n’est pas ménopausée. Quand elle le sera, tu me diras si j’exagère…Et les maux de tête, j’avais oublié les maux de tête !

B : Les maux de tête, c’est aussi  la ménopause ?

A : Pardi !

B : Sûr ?

A : Quand je te le dis.

B : Alors, ma femme a commencé à avoir la ménopause depuis quelques années. Souvent, quand on se couche, elle me dit en pleurnichant : Non, chéri. Pas ce soir : j’ai la migraine.

A: Parfaitement. C’est ce qu’on appelle la ménopause précoce… C’est assez fréquent… Tu n’as qu’à écouter les copains. Et la bouche sèche…Ça aussi, c’est la ménopause.

B: Moi, quand elle est sèche, je bois…ménopause ou pas.

A : Et tu bois quoi ?

B : Des 51. C’est ce qui désaltère le mieux.

A: Oublie-les tout de suite. A la ménopause, tu as la bouche toujours sèche mais il est absolument interdit de boire de l’alcool.

B : Ah ! Non !... Tu me fais marcher.

A : Regarde-moi dans les yeux. Est-ce que j’ai l’air de te faire marcher? …Dans les yeux ! Là !

B : Mais c’est terrible !

A : Je te le fais pas dire.

B arrache sa perruque et la jette. A se baisse pour la ramasser. En se baissant, son pantalon laisse apparaître le haut d’un string rose. Ça n’échappe pas à B.

B : Merde. Toi aussi, tu as chopé le virus ?...Dis que ça te plait d’avoir une ficelle dans la raie.

A: T’es pas un peu fou ! Qu’est-ce qui te prend ?

B : Je sais quand même reconnaître les strings ?... Tu me donnes des leçons, mais tu portes un string.

A défait sa ceinture et regarde.

A : Si je connaissais celui qui a mis ce string avec mes affaires !

B : Tiens, ma perruque, je te la donne.

A : Déconne pas.  Je t’explique car je sais d’où ça vient. Moi, le matin, je me lève aux aurores et je m’habille à tâtons pour ne pas réveiller ma femme. J’envoie la main dans l’armoire, comme ça, les yeux encore endormis, et je prends mes affaires  sans regarder…

B : Ouais…Bon. Je vais faire semblant de te croire… En tout cas, je te remercie pour tes conseils. Sans toi, j’allais droit à l’orchiectomie.

A : Ce qui était pire qu’un tsunami. (Il le regarde et semble le jauger) Tu vois, comme pote, je t’aime bien mais comme femme, tu n’es pas du tout mon genre.

B : On le boit ce 51, oui ou non !
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